Histoires cubaines : Cuba et le monde

La première question que les Cubains vous posent (en tout cas à la Havane) porte sur votre origine. Dans 90% des cas, il s’agit d’une entrée en matière pour vous vendre quelque chose ou vous attirer dans un plan bizarre. Mais, dans le reste des cas, la question vient d’un réel intérêt pour le monde extérieur, d’un pays qui a encore un accès limité à l’information. En effet, les principaux journaux Granma et Juventud rebelde diffusent une actualité essentiellement orientée sur le pays et sur ses alliés (ou ennemis) directs. Ce qui sort des salles de rédaction est bien évidemment soumis au contrôle du gouvernement. Les cubains sont par exemple très peu informés sur la situation actuelle des pays de l’ex-bloc communiste.

Même si l’accès au web se développe de manière très rapide, cela reste un moyen coûteux, auquel l’ensemble de la population ne peut avoir accès. Un professeur d’université bénéficie par exemple d’un crédit de connexion à domicile de 25 heures par mois. Difficile donc de gérer sa communication personnelle avec ces moyens, tout en se tenant informé sur l’actualité mondiale, d’autant que la connexion est bien plus lente que celle que l’on connaît en Europe. En tant que touriste, je paie 10 CUC (10 euros) pour pouvoir me connecter en wifi pendant 5 heures. Les cubains sont soumis au même tarif, ce qui représente une somme colossale par rapport au salaire moyen.

J’ai voulu contacter un jour une camarade de classe par e-mail. Il s’est avéré que j’avais mal noté son adresse et que mon message m’est revenu en retour. J’ai alors passé un bon moment à modifier, par tâtonnements, son adresse, à aller sur son blog pour chercher un moyen de la joindre, à googliser son nom, sans aucun succès. Le soir, alors que je m’escrimais encore à trouver un moyen électronique de la joindre, une autre camarade avec qui j’avais rendez-vous me dit qu’elle voyait cette personne le lendemain matin et qu’elle pouvait lui transmettre mon message ! Je n’avais même pas envisagé cette option, qui simplifia grandement mes recherches et permis de faire passer mon message en temps voulu. La communication humaine serait-elle alors plus fiable que la technologie ?

L’expérience cubaine vous mène très clairement à cette conclusion. J’ai questionné à plusieurs reprises des Havanais sur l’avenir qu’ils envisageaient pour leur pays, leur demandant leur opinion sur l’ouverture aux Etats-Unis, sur le futur de la révolution. Tous m’ont répondu de manière ouverte, chacun avec un avis et une vision différents. J’ai ainsi rapidement pu avoir des conversations intéressantes avec des chauffeurs de taxis ou des propriétaires de casa particular par exemple.

Ainsi, d’après ce que j’ai pu expérimenter jusqu’à maintenant, la population cubaine se questionne réellement sur son avenir et sa place dans notre monde, avec les moyens dont elle dispose pour le faire. On ressent un sentiment d’insécurité, de crainte, parfois de pessimisme, de défaitisme ou de fatigue, de la population pour son pays. Certains esprits entreprenants sont toutefois plein d’enthousiasme pour développer des projets (toujours tournés vers le tourisme). Bien malin sera donc celui qui pourra aujourd’hui anticiper et prévoir l’avenir de Cuba.

2 Comments
    • Holà Sabine,

      Effectivement je pense que tu vois de qui il s’agit ! 😉 merci pour ton intérêt pour le blog.
      Je suis aussi le vôtre (essayant de maximiser mon allemand basique et mon temps de connexion cubain), me demandant où vous étiez lors du passage de Matthew.
      Je me réjouis d’avoir des nouvelles de votre passage en Equateur, vu que je devrais y être d’ici un mois et demi environ.
      Je suis actuellement à Santiago où je fais la queue pour organiser mon retour à Habana !

      Que les vayan bien ! Abrazos

      Federico

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