Histoires cubaines : les villes

Je pars maintenant de Santiago de Cuba pour un voyage en bus de quatorze heures à destination de la Havane. Après avoir traversé le pays d’est en ouest, je vais encore passer quelques jours dans la capitale, revoir certains amis, puis décoller pour la Colombie.

Durant ce long trajet, je vais donc vous décrire mes impressions sur les villes cubaines visitées. Elles ont toutes leurs particularités, leurs origines, leurs histoires. Me calquant sur les pratiques des médias occidentaux, et en complète subjectivité, voici donc mon top 6 des villes cubaines :

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1- Santa Clara
De taille moyenne et accueillant la deuxième université, Santa Clara serait la ville la plus « progressiste » du pays, questionnant, par l’énergie créative de ses étudiants, le passé révolutionnaire cubain. Relativement peu tournée vers le tourisme, les jineteros (rabatteurs) en sont pratiquement absents, ce qui constitue une pause bienvenue dans le voyage.

Santa Clara est également la ville du Che. Il y a en effet mené une attaque historiquement célèbre du train de l’armée de Batista, qui a permis le succès de la révolution. De nombreux monuments à son effigie fleurissent dans la cité.

Le particularisme de la ville se ressent fortement. Un festival annuel de heavy-metal y est organisé, ainsi que le seul show de drag-queens du pays ! J’ai passé une mémorable soirée djs et concerts hip-hop, dans le club en plein-air qui organise ce spectacle.

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2- La Habana
Malgré mon précédent article relatant le stress, le bruit et la frénésie de la Havane, j’y ai passé trois semaines riches de rencontres, d’événements culturels et simplement de vie !

J’ai beaucoup aimé l’ambiance des différents quartiers de la ville : le Cerro, où je vivais, à côté du stade latinoamericano de l’équipe de base-ball havanaise, los Industriales. Un quartier tranquille, ouvrier et familial, proche de la plaza de la Revolucion, avec son mémorial à la gloire de José Marti, héros national, et ses portraits géants du Che et de Cienfuegos.

Le Vedado, quartier de l’Université que je fréquentais chaque matin pour suivre des cours d’espagnol d’un niveau pédagogique excellent. Le niveau de vie y est relativement aisé et la vie culturelle très riche : cinémas, clubs de musique latine, jazz, rock, restaurants, cafés, centres culturels… J’y ai passé de nombreuses soirées, arpentant la célèbre Calle 23 (Rampa) où se trouve le glacier d’état Coppelia.

Habana Centro, quartier populaire avec ses édifices relativement délabrés, contrastant avec le centre-ville et ses théâtres et musées impressionnants du début du XXe siècle. J’ai suivi cinq heures de cours de salsa dans une salle peu ventilée de Habana Centro, mangeant, avant de m’y rendre, un sandwich dans les rues survoltées et parfois fortement odorantes !

Habana Vieja est, comme son nom l’indique, le plus vieux quartier de la Havane. Il fut magnifiquement restauré au cours de ces dernières années, mettant en valeur son architecture, dans un projet d’intégration sociale. Les touristes côtoient ainsi les enfants fréquentant les écoles du quartier, les personnes âgées d’EMS, ainsi que les usagers de divers bâtiments administratifs. Les restaurants y sont également nombreux.

Je me réjouis donc de parcourir pour quelques jours à nouveau cette ville à bord des taxis collectivos au prix de 50 centimes la course et de boire des piñas coladas sur la terrasse de l’Hotel Nacional !

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3- Santiago
Malgré son classement relativement élevé, j’ai peu apprécié mon temps passé à Santiago. En tant que capitale de l’est du pays, je m’attendais à une ville beaucoup plus grande. Elle peut facilement se parcourir à pied, mais ses trottoirs sont très étroits et les motos qui sillonnent les rues sont intransigeantes. La marche y est donc moyennement agréable. La pauvreté se manifeste beaucoup plus que dans les autres villes du pays. On sent que l’on est loin de la capitale et des bureaux du gouvernement. Les jineteros sont ainsi beaucoup plus insistants qu’ailleurs. Morceaux choisis : « tu me reconnais ? Je suis le frère de la dame de la casa ? » (Il n’y avait pas de dame dans ma casa), « tu veux un taxi avec une fille dedans, amigo ? », « tu veux pas aller voir le château du Morro, mais qu’est-ce que tu fous alors ? »

Malgré ces désagréments, la ville est un berceau de la musique cubaine et les endroits pour écouter des formations live foisonnent : salsa, son, trova, boleros, rumba, jazz, musique classique, tous les styles sont présents à Santiago. De nombreux membres (aujourd’hui défunts) du Buena Vista Social Club en sont originaires. Cela m’a évidemment réjoui. Ajoutez à cela, deux personnes de contact, amis d’un collègue, avec lesquelles j’ai passé de jolis moments, en appréciant la vie nocturne active, et la ville dans laquelle on ressent le plus les racines africaines de Cuba a grandement remonté dans mon appréciation.

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4- Trinidad
Trinidad est une petite ville, classée au patrimoine historique de l’UNESCO. Le centre est un petit bijou de ruelles pavées et de vieilles maisons coloniales. La vallée adjacente fut celle où se développa au XIXe siècle le commerce de la canne à sucre à Cuba. La vie nocturne y est animée avec plusieurs centres musicaux de qualité. Pour ces différentes raisons, l’endroit est très touristique et manque malheureusement d’authenticité et de réalité cubaine.

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5- Cienfuegos
Fondée par des français au XIXe siècle, Cienfuegos est une charmante petite ville, regroupant différentes industries, qui lui valent un certain statut financier. On y trouve des galeries d’art de qualité autour de la place centrale, un quartier de bord de mer charmant et une jolie plage à quelques kilomètres de la cité. L’ambiance y est néanmoins très calme et on en fait rapidement le tour !

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6- Camagüey
Camagüey est construite sur un plan très différent du quadrillage habituel des villes d’Amérique. Un dédale de petites rues sillonne la cité. Il était destiné à piéger les pirates sévissant dans la région au XVIIe siècle. Quatre belles églises d’époques différentes quadrillent le centre. Malgré une activité culturelle importante, la ville est relativement peu attractive le soir. Durant mon séjour, un festival de théâtre s’y déroulait. J’ai ainsi pu m’initier à deux reprises au théâtre cubain, riche en énergie et en créativité.

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