Histoires cubaines : la diaspora

Un dimanche matin, alors que je me rendais avec une compañera de viaje au marché d’État de la ville de Camagüey, nous demandâmes notre chemin à une vendeuse de journaux d’un certain âge. Comme de coutume, après quelques échanges, elle s’enquit de nos nationalités. Allemagne et Suisse, nous repondîmes. Les larmes lui montèrent alors aux yeux, à notre étonnement. Elle nous parla de ses enfants qui étaient partis aux Etats-Unis, qui s’étaient éloignés d’elle et qu’elle ne pouvait se résoudre à rejoindre car elle aimait son pays.

En conversant avec les gens, j’ai souvent entendu ces histoires tristes de familles séparées, d’enfants ayant quitté le pays pour chercher un avenir différent de l’idéal révolutionnaire : Miami, Etats-Unis, Mexique, Canada, Espagne sont autant de lieux dans lesquels vit la diaspora cubaine. Un cinquième de la population de l’île se serait détourné de la révolution, selon mon guide touristique.

Le pays s’appauvrit ainsi de ses ressources humaines, notamment les plus jeunes. Les cubains bénéficient de bonnes formations. La tentation de chercher du travail à l’étranger après les études est grande. Quel sera alors l’avenir d’une nation désertée par sa jeune génération ?

Et si la diaspora servait le pays ? En tant que touriste lambda, j’ai eu l’impression que les liens avec les propriétaires de casas particulares, les chauffeurs de taxi, les restaurateurs notamment, étaient plus aisés lorsque ces personnes avaient de la famille à l’étranger. Étant en contact avec d’autres cultures, elles auraient peut-être une idée plus complète de ce que signifie une prestation de service. Ces compétences pourraient-elles servir le pays lors de son ouverture prochaine aux relations internationales ?

En théorie, les cubains peuvent actuellement librement voyager. En pratique, pour la majorité d’entre eux, cela reste un rêve impossible car inabordable financièrement. Les médecins cubains doivent en ce moment, pour sortir du pays, demander une autorisation, qui leur est souvent refusée, le gouvernement ayant peur de la fuite des cerveaux. Face à ces constats, on peut imaginer que la diaspora cubaine ait encore de beaux jours devant elle…

2 Comments
  1. Esperaba noticias de Cuba ! Buen resumen sobre la actualidad cubana, vista por un turista….

    Cuando se habla de Cuba, se tiende a verlo todo negro o blanco….Tu has visto la realidad cada día,tu opinión es bastante objetiva, ni todo blanco ni tampoco todo negro .

  2. Tu parles vrai Federico… mais si tu vas à St-Domingue, ou même à Puerto Rico, c’est le même constat: les jeunes s’en vont, pas forcément pour tourner le dos à un idéal révolutionnaire (Ce serait surréaliste), mais pour faire des études (l’exode des cerveaux) survivre, chercher un avenir meilleur,souvent de façon illusoire. Il y a l’insularité, le besoin de quitter un univers limité, avec de la pauvreté, qu’elle soit avec l’ADN du capitalisme libéral ou d’un régime paternaliste relativement égalitaire (beaucoup, sinon tous, ont de la famille diaspora ailleurs, attendent des devises fortes et malheur à ceux qui ne vivent que du peso,cubain ou dominicain…
    Et sans parler des Latinos du sud des USA qui risquent leur vie et meurent chaque jour sur la route Guatemala-Mexique-RioGrande (mafias, accidents, maladies, arnaques en tous genres…) dont beaucoup sont refoulés une ou plusieurs fois, souvent sans succès et n’osent plus rentrer chez eux. C’est vrai Federico, la migration n’est plus ce q’elle était !
    Amitiés

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